Réel ou virtuel? Baudrillard avait raison!

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Baudrillard, le philosophe briseur d’idoles a su, avant tout le monde, remettre le réel, à sa place, c’est-à-dire dans le monde des illusions, avant même l’avènement du virtuel.

Pour la première fois, un philosophe place l’objet, plutôt que le sujet, au centre de sa réflexion.

Quoi de mieux pour comprendre le monde et la société de consommation?

Ainsi, le sujet s’absorbe tout entier dans l’objet qu’il convoite, le désir de posséder l’objet l’emportant sur l’objet lui-même.

Et les modes ne suscitent-elles pas les désirs de la plupart d’entre nous?

Et Baudrillard n’a-t-il pas fait sa thèse de doctorat sur « le Système des Objets », en hommage au « Système de la Mode » de Barthes?

Et les objets ne sont-il pas interchangeables dans l’économie de marché, l’obsolescence programmée finissant par incarner la course ultime du sujet vers l’objet qui le distingue : un vêtement, une voiture, un téléphone, un ordinateur, une application etc. ?

Ces signes distinctifs ont amené Baudrillard à considérer qu’une telle société vivant dans l’apparence n’est plus réelle puisqu’elle n’a plus de références, si ce ne sont les messages qu’elle véhicule et qui deviennent plus importants que leur contenu.

Quand Mac Luhan proclame que le message, c’est le médium, Baudrillard va plus loin et lui répond que l’on ne peut pas en représenter le simulacre.

Aujourd’hui, les technologies de l’information et de la communication nous permettent de créer des contenants de plus en plus sophistiqués qui font oublier ce qu’ils contiennent voire détournent ce qu’ils sont censés contenir.

Le téléphone, vade mecum de l’homme moderne, devient tellement intelligent que l’on en oublierait presque de téléphoner avec.

Les objets connectés, distinctifs par excellence, parachèvent la théorie de Baudrillard et comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, simulent notre existence d’homo sapiens en celle d’homo connectus.

Il en résulte que nous sommes maintenus dans l’illusion que l’outil se confond avec ce qu’il peut faire, alors qu’il dépend de celui qui l’utilise.

Cet effet placebo de la réalité ou d’une réalité devenue virtuelle doit nous alerter sur notre représentation du monde.

Nous ne pouvons, en effet, représenter, dans la virtualité que notre propre représentation du réel.

A nous de faire en sorte que cette représentation ne soit pas qu’un simulacre, tout en ayant à l’esprit cette citation de Baudrillard « toute grande pensée est de l’ordre du lapsus ».

Maxime Ferretti

Une illusion d’optique de Rob Gonsalves

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